Archives de catégorie : La vie à New York

Nous sommes Charlie

Charlie Hebdo : l’émouvant hommage des Français à New York
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•affichent leur solidarité

Les New-Yorkais ont bravé une température ressentie de -25 degrés pour se réunir, mercredi soir, à Union Square en hommage aux 12 victimes tuées hier dans les locaux de Charlie Hebdo. Plusieurs centaines de Français ont scandé la «Marseillaise» et repris le slogan martelé toute la journée à Paris : «We are not afraid». Les regards des personnes assassinées ont été placardées sur d’immenses affiches, portés à bout de bras par les organisateurs. Une femme tenait un panneau noir où était écrit en arabe «Je suis Charlie». François Delattre, ambassadeur de France à l’ONU, s’est joint à la foule.

Thank you / Merci for all your expressions of solidarity following the attacks. #NousSommesCharliehebdo pic.twitter.com/uepibAWydX
— French Consulate NY (@ConsulFranceNYC) 7 Janvier 20
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Le buzz des Etats-Unis : l’immobilier s’envole à Manhattan

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Le prix moyen des transactions à Manhattan a bondi de 15% en fin d’année, pour atteindre 980.000 dollars. Le record de 2008 n’est plus loin.
Le prix de l’immobilier à Manhattan ne cesse de flamber. Selon une étude réalisée par Miller Samuel et Douglas Elliman Real Estate, le prix moyen des transactions atteint désormais 980.000 dollars au quatrième trimestre 2014, en progression de 15% sur un an. Le dernier record remonte à 2008, où le prix moyen atteignait à l’époque 1,03 million de dollars. Et cette progression des prix ne devrait pas faiblir en 2015, le volume des appartements en vente restant encore 30% en dessous à la moyenne constatée depuis 10 ans.

Etats-Unis : Le policier noir le plus gradé de New York démissionne

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Philip Banks III, le policier noir le plus haut gradé de la police de New York, a démissionné ce vendredi 26 Décembre de ses fonctions actuelles de commissaire au sein de cette police.

Cette démission intervient deux jours avant sa nomination en tant que commissaire divisionnaire adjoint ce qui aurait fait de lui le N°2 de la police New-yorkaise qui compte 35 000 hommes.

Policier depuis 28 ans, cet homme dont tous ses collègues louent les qualités a décidé de démissionner dans un contexte de quasi crise dans laquelle se trouvent les autorités policières américaines du fait des meurtres répétés de jeunes noirs non armés par des policiers notamment blancs et qui se retrouvent acquittés par la justice.

Cela fait en effet, quelques semaines qu’il ne se passe pas une dizaine de jours sans qu’un noir désarmé soit abattu mettant ainsi sous le feu des projecteurs un problème racial latent qu’on pensait que la société américaine avait dépassé.

Le dernier fait remonte au Mardi 23 décembre dernier, où un jeune adolescent noir non armé a été tué par la police près de Ferguson alors même que cette ville est le point de départ de la contestation relative à ces tueries impunies jusque-là.

La décision de Banks a pris tout le monde de court, laissant les chefs de la police ainsi que le maire Bill de Blaiso dans la surprise totale.

Il s’est exprimé sur sa démission à travers le tweet suivant : « pour des raisons professionnelles, j’ai décidé de prendre ma retraite ».

Les jours à venir nous diront plus sur ses motivations profondes même si il n’y a pas de doute que cela ait un lien direct avec la question raciale actuellement sous le feu des projecteurs au pays de l’oncle Sam, chantre de la liberté !

New York, Capitale mondiale de l’obscénité

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Ville parmi les plus convoitées au monde, New York sombre dans les abysses de la spéculation, de la corruption et de l’obscénité, tandis que les pauvres sont repoussés dans des contrées lointaines. Comment aimer encore un tel monstre du 21ème siècle?

Vidéo: Combien d’inégalité devient trop d’inégalité? Un film de Poverty.net 740 Park Ave, New York City, est la maison de certains des Américains les plus riches. Partout dans le Harlem River, à 10 minutes au nord, il y a l’autre Park Avenue du South Bronx, où plus de la moitié de la population a besoin des bons d’alimentation et où les enfants sont 20 fois plus susceptibles d’être tués. Au cours des 30 dernières années, les inégalités ont explosé aux Etats-Unis – le rêve américain ne s’applique qu’à ceux qui ont de l’argent pour faire pression sur les politiciens de Capitol Hill.

Vous ne connaissez probablement pas M. Kyle Smith. Mais voilà, sans M. Kyle Smith, ce billet n’aurait sans doute jamais écrit à l’intention des lecteurs de Marianne.

M. Kyle Smith est un journaliste de longue date – nous avons le même âge, c’est dire -, à la fois critique de cinéma et chroniqueur pour le New York Post, diplômé de l’Université de Yale avec l’impressionnante mention summa cum laude et ancien lieutenant dans l’armée américaine durant la Guerre du Golfe. Il s’est fait connaître et reconnaître à travers ses articles, caractérisés par un humour franchement noir. Sauf que je n’ai plus rit du tout lorsque M. Kyle Smith est devenu « mon » problème, ce matin du 5 juillet 2014, alors que je dégustais un café au lait à 5,72 dollars taxes comprises à la terrasse du coin, sur Columbus Avenue.

Froissant et épluchant les journaux papiers qui – Dieu merci – existent encore dans ce pays aussi, je tombe, dans le New York Post, sur un éditorial intitulé – je traduis – Vivre à New York ne relève pas d’un droit divin. Bon, j’ai moi-même fait grincer assez de dents depuis que je collabore à Marianne pour ne pas venir me plaindre que l’on use de ce genre de titres « accrocheurs » qui vous font tourner l’estomac avant de le remettre à l’endroit – ou pas – une fois découvert ce qu’ils cachent.

Mais là. Là, c’est mon 5 juillet qui y est passé tout entier et qui a mis un terme – comme c’est bête – à mes lectures du New York Post. Je fais ici publiquement amende honorable et revient sur cette posture. Il faudra que je m’y remette, il n’est pas digne de ne pas savoir affronter l’adversité.

Des artistes, pour la vitrine et la bonne conscience

Enfin, tout de même, je l’ai en travers, moi, ce papier. A priori, il a pour but de moquer la volonté du nouveau maire de New York, Bill de Blasio, de mettre en place un programme d’accès au logement pour – comment dire ça élégamment – les couches populaires.

Résumons: le programme pour le logement abordable est une des pièces maîtresses de la politique de de Blasio. Il s’agit de construire ou préserver 200 000 unités de logement à prix modéré dans les dix prochaines années. C’est, dit-il, la clé de la lutte contre les inégalités de revenus dans la ville. Rien de nouveau cependant : l’Administration Bloomberg a conservée ou construite 175 000 unités de ce type.

Un exemple concret de ce programme est le projet El Barrio’s Artspace PS 109, un ensemble de 82 unités habitables situé dans le quartier à forte population hispanique de East Harlem, dont le montant s’élève à 52 millions de dollars, et destiné à des artistes en mal de revenus. Pour être qualifié et déposer sa « candidature », l’intéressé doit présenter un revenu annuel compris entre 19 000 et 35 000 dollars s’il est seul, et jusqu’à 38 000 à 50 000 pour une famille de quatre personnes. La centaine de chanceux sélectionnée parmi les 52,000 dossiers déjà reçus s’acquitteront d’un loyer de 494 dollars par mois pour un grand studio à 1022 dollars pour un 2 pièces. Des loyers que vous ne trouverez jamais ailleurs à Manhattan.

M. Kyle Smith raille fort à propos l’ambition de Blasio en rappelant que cette affaire de logements accessibles est un serpent de mer, et que chaque maire de New York depuis des décennies en a conçu un, sans que la vie des New Yorkais n’en soit changée. En réalité, il existe des immeubles, au coeur du magnifique quartier de Soho, où des artistes – ils sont curieusement souvent au coeur de ces programmes – paient un loyer jusqu’a 20 fois inférieur à celui de leur voisin de pallier.

Je souscris à l’ironie de M. Kyle Smith, je lis, je m’accroche, je sens venir le coup, et le coup arrive, asséné comme si j’étais un vulgaire poulet de batterie, je cite :

« Bloomberg (NDA : le prédécesseur de Blasio à la mairie de New York trois fois réélu depuis 2001) a eu raison de dire que New York est un produit de luxe, et les produits de luxe ne sont pas pour tout le monde. Si vous préférez vivre dans un quartier au rabais, allez vivre là au lieu de déplorer les lois du marché. Entreriez-vous dans un nouveau showroom Toyota avec 499 dollars en poche, en vous attendant à ce que l’on vienne vous proposer une voiture? Il n’existe pas de droit constitutionnel impliquant que tous ceux qui le veulent peuvent vivre à New York. »

Le problème est que – second degré ou pas – M. Kyle Smith met le doigt sur une plaie à vif et un ras-le-bol généralisé qui caractérise le sentiment de nombreux new yorkais ces temps-ci. Manhattan est simplement devenu inhabitable, l’état de son parc locatif est déplorable, les exigences des propriétaires et des agents immobiliers tiennent de méthodes inquisitoriales, et cela n’est que la pierre d’angle d’un ensemble d’abbérations qui, du matin au soir et du soir au matin, font de la vie des gens « normaux » une sorte de marathon pour tenir et survivre. Et dans ces conditions, on n’apprécie guère un certain type d’humour, voyez-vous.

Une immense classe moins que moyenne tenue en joue par une minorité Le crachat malicieux de Kyle Smith atterrit cette fois au fort mauvais endroit. C’est à dire en plein milieu d’une métropole dont la moitié des 8 millions d’habitants survit avec un revenu annuel de 12 300 dollars et dont le reste, pour la plupart, désigné comme la classe moyenne, s’étire dangereusement vers le bas.

Vous savez, c’est un peu comme ces nouveaux avions où l’on ajoute à la classe économie une classe « premium économie » et des options payantes pour tout et n’importe quoi. une invention dont les compagnies aériennes nous vantent les mérites comme s’il nous offrait le luxe à nous, pauvres resquilleurs. Mais à l‘arrivée, vous n’êtes bien au qu’un pauvre type parqué comme du bétail, tentant de déjouer la thrombose veineuse les rares fois où l’on vous autorise à détacher votre ceinture, sans compter avec l’air puant et infecte qui circule dans la cabine et cette nourriture dont on est toujours surpris de réchapper sans intoxication, tandis que la classe business, elle, ignore jusqu’à votre existence à peine l’avion a-t-il décollé.

Classe moyenne fourre tout, c’est peu de le dire. Elle démarre juste au-dessus de l’immense base pyramidale de ceux qui, pour la plupart, ont la peau noire, avec les revenus de 33 000 dollars par an, puis s’étend à ceux qui gagnent de 33 000 à 100 000 dollars par an.

Au-delà, c’est le dernier carré, ceux qui atteignent les 200 000 dollars puis les 5 pour cent qui passent la barre des 600 000 dollars. Quant au fameux 1 pour cent, comptez 800 000 dollars pour un ticket d’entrée. Mention spéciale pour les quelques 400 000 millionnaires de la ville et ses 70 milliardaires.

New York disparait sous les assauts des promoteurs. Ca vous rappelle quelque chose? Evidemment. Mais là, attachez vos ceintures, car la ville mérite bien son premier prix de la déshumanisation.

Tenez, Gary Barnett, le président de la société immobilière Extell, qui a construit One57, la tour de verre de 90 étages qui abrite le flamboyant hotel Park Hyatt (600 à 3000 dollars la nuit). Le One57 – traduisez, le numéro 1 de la 57ème rue, au centre de Manhattan – s’élève à 306 mètres au-dessus, c’est actuellement le plus haut gratte-ciel résidentiel de Manhattan et l’on en doit le design à l’architecte français Christian de Portzamparc.

Qu’il plonge dans la pénombre – tand son ombre porte loin à certaines heures de la journée – le coin sud de Central Park qui s’obscurcit de plus en plus du fait du gigantisme environnant et galopant, à en devenir parfois sinistre, peu importe. Et que Barnett ait déboursé 260 millions pour bloquer toute élévation des constructions alentour – à New York, on appelle cela le « droit de l’air », en gros, on peut acheter du vide soit pour plus tard le remplir soit pour s’assurer qu’il demeure vide et que la vue depuis son balcon demeurera imprenable. L’impact s’étend à tout un quartier et fait donc du One57 un château des temps modernes protégé par ses remparts virtuels.

Comme l’écrivait Business Week le 2 octobre dernier, « Barnett est devenu l’arbitre improbable des prix stratosphériques de l’immobilier à New York. Les résidents des 94 condominiums au-dessus du Park Hyatt au One57 se soulagent dans des toilettes allemandes. Ils peuvent prendre une douche traditionnelle dans leurs salles de bains aux parois en marbre ou profiter d’une douche à vapeur plus relaxante. Les unités des étages supérieurs ont une vue imprenable sur Central Park. Barnett appelle sans délicatesse cette caractéristique de One57 un « money shot ». Que le lecteur veuille bien nous pardonner, mais cette expression traditionnelle américaine provient du temps où les acteurs de films pornographiques jouissaient sans feindre et ouvertement sur leurs partenaires, offrant aux spectateurs prêts à payer un prix plus élevé du sexe réel et non simulé.

Et si l’on veut parler de la jouissance de l’argent, la voilà : Barnett a vendu en un rien des temps les quelques appartements surplombant le Hyatt pour un milliard et demi de dollars, celui étant situé au tout dernier étage et qui, certains jours, se situe au-dessus des nuages, pour la somme de 90 millions de dollars.

Ne cherchez pas le nom de son propriétaire parmi les stars d’Hollywood ou les grands capitaines d’entreprises. D’ailleurs, vous n’avez aucune chance de le croiser, tout comme les autres habitants de cet immeuble. Ce sont des fantômes. Car cet immeuble, comme les dizaines en construction qui bouleversent totalement la physionomie de Manhattan, ne sera que très peu habité. C’est, dans la majorité des cas, une adresse, un pied-à-terre, un investissement, pour des gens qui n’y mettront les pieds que quelques jours par an, voir jamais. Une grande tendance à New York, puisque par exemple, les grands immeubles de la 42ème rue ne sont en moyenne habités que deux mois par an.

Les colosses de la finance aux command

Mais il y a pire encore. En Août dernier, la ville a donné la permission à Extell, pour l’un de ses complexes situés sur l’Upper West Side – mon quartier – de créer une entrée séparée pour les résidents qui paient leurs loyers selon les anciennes normes.

Puisque comme souvent, des associations se créent pour éviter l’expulsion par tous les moyens des locataires anciens qui paient des loyers décents lorsqu’un promoteur rachète un immeuble pour en faire un ensemble de luxe, il faut bien pouvoir vendre ce luxe à des gens qui ne veulent surtout pas fréquenter cette population aussi indésirable que les rats le sont dans le métro.

La riposte des promoteurs ne s’est pas faite attendre. C’est ce que l’on appelle la «porte des pauvres ». Elles se multiplient dans la ville. On voit donc, de plus en plus souvent, une entrée sur le côté de l’immeuble, qui conduit directement aux escaliers ou à l’ascenseur par un couloir, tandis que l’entrée principale, elle, permet de profiter des avantages du portier, du hall d’entrée, de la salle de sports et l’on en passe.

Le milliardaire Donald Trump – le type à la moumoute rousse qui rêve de devenir président et érige à travers le pays des immeubles aussi clinquants que possibles, entièrement dorés – qui pilote lui aussi ce vaste remodelage de New York, a répondu aux critiques de cette pratique que ce est politiquement correct, il s’en moque.

Un marché locatif saigné à blanc

Que ses habitants ne parviennent plus à vivre ensemble et se ségréguent eux-mêmes, les uns dans leurs ghettos d’infortune et les autres dans leurs tours vertigineuses, que la politique y soit un désastre à tous les étages, et que, bien entendu, tout cela lacère un tissu social dans l’indifférence générale des promoteurs, des startups, des banques et des politiciens qui redessinent la ville à toute vitesse, ne préoccupent après tout « que » les trois quarts des habitants de la « capitale du monde » comme elle aime à se proclamer. Les autres ? Ils sont déjà en route pour un New York Abu Dhabien ou quatariote.

Et les gigantesques transferts d’argent ne manquent pas à l’appel. Ainsi, un rapport de la National Association of Realtors, publié en Juillet 2014, indiquait que la Chine était devenue la plus importante source de transactions immobilières étrangères sur la base du dollar. Selon Jones Lang LaSalle, la valeur des propriétés commerciales achetées par les Chinois était de 5,4 milliards de dollars au second semestre de l’année. Ce chiffre est considéré doubler pour atteindre un peu plus de 10 milliards de dollars en fin d’année. Que croyez-vous donc que fit l’Administration Obama ? Une nouvelle règle de visa pour les étudiants chinois et les touristes facilite depuis cette année pour les Chinois d’investir dans l’immobilier américain.

Le 17 octobre dernier, Forbes constatait que « le point de vue dominant est que la plupart des acheteurs sont internationaux. Beaucoup à l’extrémité supérieure sont d’Amérique du Sud, de Chine et d’Europe de l’Est (…). Dans Manhattan, leurs achats sont généralement confinés aux condominiums, qui compte pour environ 30 pour cent du marché et ont des exigences plus laxistes pour la divulgation d’informations financières. »

D’où qu’ils viennent, la majorité des acheteurs internationaux et américains regardent New York comme un investissement immobilier et visent dans la gamme de 2 millions à 4 millions de dollars. Doublement garantie en dix ans voir moins.

New York arrive ainsi en seconde position des villes les plus convoitées après Londres et devant San Francisco, Houston puis Los Angeles.

Le résultat ? Un marché locatif exsangue et dont le parc est une catalogue d’horreurs, d’insalubrité, de clauses abusives et bien sûr, de loyer dont l’augmentation est nette : un locataire new yorkais consacrait 24 pour cent de son salaire à la location de son logement en l’an 2000. Cette part s’établit aujourd’hui de 40 à 50 pour cent, mais attention, il faut pour cela être un véritable joueur de poker ou bien cohabiter avec d’autres locataires. Car la norme très répandue veut que l’aspirant locataire gagne au minimum 40 fois le montant du loyer mensuel en salaire et son credit score – un rapport que l’agent achète auprès de bureaux qui tiennent l’historique de tous les avoirs, dettes ou mouvements du candidat – doit être supérieur à un certain nombre.

A Harlem, les loyers ont bondit de 23,6% entre Novembre 2013 et Novembre 2014. Le prix moyen d’un 2 pièces à Manhattan est de 5 827 dollars. Tandis que les habitations de luxe envahissent le sud de ce quartier traditionnel et en chasse le commun des mortels, la population est repoussée toujours plus au Nord. A Brooklyn, dans le New Jersey à portée de métro et dans le Queens, des investissements colossaux et hors de prix provoquent le même reflux. Refuge des babas-cool et artistes ou étudiants fauchés du milieu des années 2000, la petite ville de Williamsburg, correctement reliée à Manhattan, voit ses bars et ses échoppes fermer, les lofts luxueux chassant les réfugiés de la spéculation, ceux-ci trouvant un abris là où les problèmes sanitaires, scolaires, de violence ou d’équipements ont des décennies de retard.

Faites donc le trajet en bus de l’aéroport de La Guardia à Manhattan et constatez par vous-mêmes les étendues de bidonvilles, jusqu’à ce que vous descendiez à la station de métro de la 125ème, haut lieu de tous les trafics.

Faire reculer la misère… loin de la ville

On ne va pas vous faire ici un long chapitre sur les Noirs, qui méritent à eux-seuls un autre billet, évidemment. Mais leur exaspération est désormais palpable jusqu’au cœur de Manhattan, et croire qu’il ne s’agit que d’une réaction aux bourdes plus ou moins catastrophiques de la police, c’est regarder par le petit bout de la lorgnette. Car on peut voir à leurs côtés des hordes de jeunes paumés à la peau bien blanche, des citoyens modèles qui n’en peuvent plus du système de taxation de la ville, des employés des boutiques de vêtements payés à 7 dollar de l’heure et sans aucun avantage, pas même l’assurance santé, alors qu’Internet détruit une myriade de commerces de proximité, des étudiants qui n’ont aucun espoir de payer leurs prêts bancaires avant d’avoir atteint le milieu de leurs carrières.

Ce qui ne va plus, en réalité, c’est que deux millions de New Yorkais ne poursuivent qu’une seule quête, être les rois du monde dans lequel ils vivent et évacuer le plus loin possible tout ce qui ressemble de près ou de loin à la misère, au nom du bon vieux proverbe américain « Misery loves company » – la misère attire la misère. En Janvier 2013, il y a tout juste un an, le New York Times établissait le prix moyen d’un appartement à New York à 3 973 dollars en location et à 1,46 millions de dollars à l’achat.

Mais ces chiffres, tous ces chiffres, ne disent rien de la réalité au jour le jour. 3 973 dollars ? Soit. Mais s’il vous faut une chambre, ne comptez pas sortir des quartiers de l’East Village, de Chinatown, au sud, et attendez-vous à devoir vous exiler tout au Nord de Manhattan, Spanish Harlem à l’Est, haut de Harlem et Washington Heights à l’Ouest. Bref, vivez avec les étudiants criblés de dettes, les Chinois, les Hispaniques, les Portoricains ou les Noirs. Dans le cas de Spanish Harlem, de Washington Heights ou des hauts de Harlem, comptez avec un manque chronique de sécurité et de salubrité. Chinatown ? On s’y dirige de plus en plus, mais le confort y est dérisoire. L’East Village ? Son délabrement progressif révèle sa vraie nature puisque tandis que pas un jour ne se passe sans que l’un de ses hauts lieux typiques ne disparaissent, les fondations des futurs colosses immobiliers apparaissent.

La fête est finie

Tout cela va si vite que ça semble invraisemblable.

Il y a dix ans encore, l’East Village était le quartier décalé des étudiants, des artistes et des gens un peu bizarres. Bientôt, ce sera l’un des joyaux de la ville, au sens propre. Chelsea était ce quartier central de Manhattan où les folles s’égayaient chaque soir, ou l’on pouvait marcher dans la rue sans se bousculer, ou un studio était accessible aux alentours de 1500 dollars. Aujourd’hui, la plupart des établissements arc-en-ciel ont migré vers ce qui fut un temps l’infâme quartier d’Hell’s Kitchen, pour y bâtir une machine à fric colossale, une sorte de zoo gay pour touristes attardés, qui se pressent dans des bars ridicules pour y voir la jeunesse locale et dorée s’enivrer d’alcools et de stupéfiants. Et si le zoo ne vous tente pas, Hell’s Kitchen offre désormais tout au long de ses avenues des restaurants collés les uns aux autres et qui emploient à quelques dollars de l’heure une foule de jeunes femmes ne lésinant devant aucun effort pour attirer le chaland. Chelsea, quand à elle, ronronne désormais avec une population quasiment constituée de quadras fortunés ou surtout de familles, qui louent un studio pour 3500 dollars – la fenêtre est rarement garantie avec vue – mais plus souvent des appartements à 10 000 dollars par mois, quand elles n’investissent pas dans les nouvelles constructions qui surgissent chaque mois de terre et atteignent allègrement les 10 millions de dollars au bas mot.

Rien que pour l’année 2014, le paysage new yorkais a si profondément changé que 2015 fait déjà peur à voir. En plein milieu de la ville – Midtown East – s’élève à toute vitesse un ensemble de 3,8 millions de mètres carrés qui abriteront aux trois quart des bureaux déjà en négociation par les startups qui souhaitent créer la Silicon Valley de New York. Une gigantesque muraille qui détache le Sud du Nord, détruit les magnifiques perspectives d’hier, assombrissent les rues.

Une partouze politico-financièreAlors non, décidément, lorsque M. Kyle Smith mouche les impétrants qui ont l’audace de vouloir vivre dans une ville dont l’essence même, selon lui, est bel et bien un produit de luxe, et qu’il invoque l’absence de droit constitutionnel de vivre où l’on veut, la coupe est pleine.

Et parce que New York s’offre à corps perdu à cette partouze politico-financière qui ne recule plus devant aucun sévices pour assouvir ce besoin de jouissance, il n’est plus possible d’aimer New York.

C’est la trahison même de ce qui fut une bohème, à la fois dangereuse et follement créative, de ces aberrations dont raffolaient les New Yorkais de souche, et qui pissait de la culture, de la bonne musique, de l’émotion à brute sur tous les poteaux de la ville, quand Central Park n’était pas l’enfer qu’il est devenu, désormais livré à des hordes de city-bikes, des criminels en goguette issu du même modèle que celui du vélib, qui rendent de nombreux endroits désormais impraticables.

Oubliez New York, découvrez l’AmériqueDepuis trente années que j’explore l’Amérique, et que je ne la vois plus à travers ses vitrines mondialement connues mais aussi, dans le quotidien de ses petites bourgades ou de ses populations si diverses, je ne me sens plus concerné par les raccourcis, les stéréotypes et les fantasmes, toutes choses qui peuvent s’appliquer à n’importe quel pays que l’on ne connaît pas ou que l’on juge en fonction de ses préjugés.

J’ai choisi d’y vivre : cela me disqualifie, de toutes manières, aux yeux d’une partie des lecteurs, et quelques uns me font l’honneur et le plaisir inestimable d’accorder quelque crédit à mon ressenti et à mon expression, ce qui ne les contraint pas à adopter mes vues forcément subjectives.

Le plus agaçant – encore que je ne suis guère prompt à cette réaction – est que l’on trouve toujours un expert, un chercheur, un spécialiste, un politologue, un spécialiste en géopolitique, pour vous dire à votre place quelle est la réalité que vous vivez et l’histoire réelle selon eux dans laquelle vous vous inscrivez. C’est pour cela que j’ai, d’ailleurs, une tendresse particulière pour André Kaspi, qui à travers son travail est pour moi le plus érudit et le plus équilibré de tous les spécialistes français de l’Amérique.

New York est le pire de l’Amérique, et ils aiment çaCes points étant posés – voyez comme j’avance avec prudence – je peux maintenant dégainer. Avouez que vous vous y attendiez, et fournir comme à mon habitude matière à sarcasmes, insultes ou compliments, quoi que je préfère largement les commentaires, cette manière d’avancer ensemble dans la pensée.

Autant le dire tout net : je n’aime pas New York.

Ou plutôt, je n’aime plus New York.

J’y vis actuellement, comme je l’ai fait à plusieurs reprises dans le passé au gré de mes pérégrinations et nécessités.

J’avais moi-aussi succombé au magnétisme de cette ville il y a longtemps, c’était durant l’été 1997, j’habitais alors un dortoir sur l’Upper West Side pour 11 dollars la nuit, un quartier que je n’ai pas reconnu en y revenant cette année pour m’y installer. Les boutiques de luxe tapissent Columbus Avenue, les épiceries asiatiques font des chiffres d’affaires colossaux en vendant le moindre paquet de pain à des prix prohibitifs.

Mais il ne se passe pas une semaine sans qu’un Français ou une Française que je croise, touriste le plus souvent, ou des amis d’ailleurs, ne me livrent leur excitation et leur fascination pour cette ville qui, disent-ils tous en chœur, « n’est – bien sûr – pas l’Amérique ». Cela ne cesse de m’étonner. C’est l’une de ces manières de dire pour les uns, que c’est une belle ville, que l’on s’y amuse, qu’il y a tant de choses à voir, pour les autres, que les gens sont sympas, que c’est hyper dynamique, ou encore, que tout y semble possible et surtout, d’y devenir riche.

Je peux dire à mon tour, lorsque je viens à Paris visiter les miens ou travailler, que Paris, ce n’est pas la France. Qu’est-ce à dire ? Selon mon humeur, que c’est beaucoup plus vivant que la Province ? Beaucoup plus sale que celle-ci ? Que les gens qui y vivent et que la manière dont y s’y déplace ou l’on s’y comporte n’a rien à voir avec le reste de la France ? Non. Cela ne me viendrait même pas à l’esprit. Je trouve que c’est la France, comme le reste de la France est la France, et que j’en aime certains aspects, d’autres pas.

Bataille perdue pour une Ville de Zombie et de MilliardairesAlors, cette fascination pour New York ? Je l’ai perdue et je ne m’en n’étais pas aperçu avant d’y revenir de plusieurs années passées dans l’Illinois, une Amérique dont certains diraient qu’elle est évidemment plus « profonde », forcément moins tolérante, bien plus dangereuse, nettement moins lumineuse. Et que j’ai adoré.

Il y a, en réalité, cinq principales catégories de gens qui adorent New York. Les natifs de New York, tout d’abord. Ceux qui le clament toujours avec cet éclat dans les yeux qui semble signifier qu’ils sont le peuple élu. Pour ceux-là, il fait toujours froid à Chicago, la côte Ouest est d’une nonchalance méprisable, le Sud est gentil et raciste mais il se rattrape avec le Blues, le reste des grandes métropoles du pays n’arrive même pas à la cheville de Manhattan.

Ensuite, il y a ceux qui, venus des quatre coins du pays ou de l’étranger, s’accrochent à cette ville comme un crustacé à une roche poisseuse. Comme les natifs de Gotham, ils n’ont jamais une minute à eux. Ils travaillent sans s’arrêter, sortent du travail pour dépenser ce qu’ils n’ont pas sur leur compte en banque – la salle de gym au coin de ma rue coûte 400 dollars par mois et on s’y agglutine, tout comme dans des bars où toute conversation et tout mouvement sont impossibles du fait de la densité proprement surhumaine, sans compter avec le prix du gobelet en plastic où l’on vous sert si souvent un mauvais alcool.

Tous désespèrent de trouver l’âme sœur mais tous s’évanouissent au cœur de la nuit ou au petit matin et vous reconnaissent rarement s’ils vous croisent un jour prochain, si ce n’est parfois pour exhiber un léger sourire signifiant « tiens, celui-ci ou celle-là je l’ai déjà eu ». On n’exagère ? A peine. 80 pour cent de célibataires, ça vous parle ?

Il y a évidemment les touristes. Ils opèrent souvent en bande, comme dans n’importe quel pays. D’autres arpentent la ville en solitaire, en quête de sensations. Rien à en dire, ne sommes-nous pas tous des touristes de toutes façons ?

Et puis il y a les gens d’argent. Jeunes ou vieux, visibles ou invisibles, brillants ou héritiers, ils ont toutes les raisons du monde de clamer leur amour pour New York. Certains ont quelque chose en commun avec les vieux pauvres. Ils voient la ville à travers la liberté qu’elle leur procure. New York est une ville pour les âmes errantes ou pour les âmes conquérantes. Il ne lui manque toutefois qu’un monument tel que celui dont la devise me frappa si fort un matin d’août, en 2000 je crois, au bas de l’avenue de la Grande-Armée – c’est qu’elle tombait tant à propos que j’en ai encore le sentiment d’une apparition : « Ne pas subir ».

Ne pas subir. Le Graal pour tout habitant de New York, accessible à quelques uns, ô combien puissants, qui dominent une multitude humaine qui elle, n’en finit plus de subir au nom d’une quête désespérée.

Vous n’avez aucun droit

Non, je n’aime plus New York.

Notre histoire est finie, épuisée, trahie.

Nous nous regardons en chiens de faïence.

Elle me fait me sentir étranger et se navre de ma dissidence. Je la regarde s’agiter, se jalouser, se contempler, écraser de son désir insatiable l’amour qu’on lui vouait et qui ne lui suffit plus. Comme ces amants trop jeunes qui un jour vous méprisent d’être ce qu’ils ont aimé. Ils s’enivrent de ceux qui les convoitent sans les voir, et soupirent avec arrogance de votre défaite.

Lorsque nous nous sommes séparés, mon premier grand amour et moi – elle avait 40 ans de plus que moi – me dit que nous avions été deux solitudes faisant un bout de chemin ensemble, et que ça n’était pas si mal. J’ai grandit depuis, j’ai vieilli, et j’ai appris que cela est vrai, fondamentalement. New York vit sa vie et moi la mienne. Tous deux dans un monde qui disparaît de manière obscène. Et pour tout dire, si je cède aux impératifs du travail, j’ai hâte de rejoindre un nouveau havre de paix, loin de cette capitale du monde en perdition où l’abominable est la banalité du quotidien.

Que d’autres viennent y rêver à ma place. Mais à condition d’en avoir les moyens car n’oubliez pas : cette ville est un luxe, un privilège, vous n’y avez aucun autre droit que celui de contribuer à sa décadence en vous évertuant à la trouver magique.

Fascinantes photos du métro de New York en 1966

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Fascinantes photos du métro de New York en 1966Par Vanessa Hauguel le 24 décembre, 2014 Tweet 2 Dans Underground 1966, de rares et fascinantes photographies en couleurs du métro de New-York prises en 1966, ont capturé l’air du temps. Suite au conseil de sa mère lui suggérant de partir à la rencontre de passagers dans le métro pour se divertir, le photographe Danny Lyon entrepris de prendre quelques clichés à différentes stations avec sa caméra Rolleiflex. Fait intéressant, Lyon pris la plupart de ces photos le soir du jour de l’an. Aujourd’hui, 8 de ces photographies reviennent sur leur lieu d’origine, exposées à la station Atlantic Avenue-Barclays dans Brooklyn.

Si ces photos ont immortalisé l’époque, elles dégagent aussi quelque chose d’intemporel qui résonne fortement chez l’observateur d’aujourd’hui.

Capitalisme et sapin de Noël

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Publié Par Reason, le 25 décembre 2014 dans Amérique du Nord, Économie générale
Le sapin de Noël devait être un antidote à l’esprit de commerce ; il en est vite devenu l’incarnation.

Par Greg Beato
Le sapin de Noël est à l’épicentre d’une guerre à New York ces temps-ci (NDLR : l’article date de 2012). Pas sur la manière de l’appeler : tout le monde est d’accord pour le renommer « totem non-confessionnel de la fête du solstice d’hiver ». Ce qui est en jeu, c’est qui pourra les vendre. Selon le New York Post, « les grandes surfaces apportent des conifères à des prix défiant toute concurrence », ce qui porte atteinte aux affaires des « vendeurs occasionnels d’arbres ».

« Home Depot et Whole Foods sont de grosses entreprises. Il faut qu’elles comprennent que les arbres de Noël sont un peu différent des objets qu’ils achètent en gros en Chine », déclare au Post Diana Marmolejo, une vendeuse d’arbres de 26 ans. Traduction : Noël c’est davantage que de déplacer des trucs au prix le plus bas possible. Ça parle de la famille (les arbres de Marmolejo sont « à sa famille »). Ça parle aussi de la famille (les arbres qu’elle vend proviennent d’exploitations « de famille » en Caroline du Nord). Et puis vous savez, ça parle aussi de la famille. Les entreprises sont peut-être des personnes, mais vous voudriez vraiment leur acheter votre sapin de Noël ?

Il y a un autre faux pli dans cette histoire : le code de prévention des incendies de New York interdit le stockage en intérieur des arbres destinés à la vente. En fait, les détaillants New Yorkais ne peuvent même pas mettre des sapins en vitrine. On peut supposer que les entreprises géantes vont devoir soit s’installer à l’extérieur, soit abandonner l’idée d’en vendre.

Espérons que ce soit la première option. Dans le sillage de l’ouragan Sandy, les New Yorkais pourraient bien retrouver le goût d’un Noël à l’ancienne. Et il s’avère que des entrepreneurs qui transportent et vendent des arbres en masse, c’est à peu près aussi ancien que vous pourriez l’imaginer.

Dans son livre de 1996 The Battle for Christmas, l’historien Stephen Nissenbaum écrit que les sapins de Noël « ont commencé à être largement populaires aux États-Unis au milieu des années 1830 ». Mais alors que les immigrants allemands reçoivent souvent le crédit d’en avoir introduit la coutume, Nissenbaum explique que la connaissance du vieux Tannenbaum n’est pas venue par une expérience de première main, mais par des voies littéraires. Pour Nissenbaum, les réformistes progressistes, pour la plupart de la haute bourgeoisie, unitariens et de Nouvelle-Angleterre, ont vu dans la tradition allemande du sapin de Noël un moyen de lutter contre le « matérialisme grossier » et le sentiment général de complaisance effrénée qui avait déjà commencé à caractériser la manière dont les Américains célèbrent Noël.

Les réformistes ont écrit des histoires mettant en scène des sapins de Noël, des récits parfois authentiques et parfois fictionnels, dans lesquels l’arbre réduisait ou minimisait le matérialisme grossier de la fête de différentes manières. Tout d’abord, ils confinaient l’échange des cadeaux à un lieu et un moment précis. Ensuite, ils insistaient sur le rituel, et d’authentiques rituels populaires d’immigrants, qui plus est, pour porter l’attention moins sur les cadeaux eux-mêmes que sur l’acte de les offrir. Enfin, ils exigeaient la patience et l’obéissance des enfants, qui n’étaient pas autorisés à voir l’arbre ou les cadeaux jusqu’à un moment donné.

Bien que des histoires populaires comme « The Christmas Tree » ont aidé à répandre l’idée de Noël, les arbres de Noël eux-mêmes ne sont pas devenus immédiatement un phénomène très répandu, notamment dans les villes comme New York. Apparemment, les résidents de Manhattan et Brooklyn au milieu du 19ème siècle n’étaient pas aussi autonomes que les citadins bricoleurs d’aujourd’hui : il n’y avait pas de fermes sur les toits à Williamsburg pour faire pousser des variétés anciennes de sapins baumiers selon les méthodes de l’agriculture biologique.

Obtenir un arbre, c’était un travail. Manuel. À l’époque, les citadins préféraient aller l’acheter. C’est du moins ce que Mark Carr, fermier dans les Catskills, a découvert en 1851, quand dans un dernier effort pour amasser des fonds pour acheter les semences de l’année suivante après une mauvaise récolte, il a décidé d’abattre une partie des arbres qui poussaient sur sa propriété pour aller les vendre à New York. Un reportage du New York Times en 1880 affirme que Carr a payé « un dollar en argent pour utiliser une bande de trottoir à l’angle des rues Greenwich et Vesey » (à quelques pas de l’endroit où se tenait le World Trade Center, NdT). Un article plus récent, publié par Ed Mues en 2007, ajoute que Carr a vendu trois douzaines d’arbres pour des prix qu’un journal qualifia à l’époque d’« exorbitants ».

D’autres entrepreneurs ont suivi dans son sillage. Selon un article de 1900 dans le New York Times, un « groupe de sportifs » de retour par bateau d’une excursion à Terre-Neuve en 1892 a fait un arrêt au Maine, où l’un d’eux a décidé d’acheter 500 sapins baumiers et de les vendre à Boston, transformant ce qui auparavant était « considéré comme une gêne » en une nouvelle culture profitable. En 1896, selon le Times, une demi-douzaine d’hommes du Maine ont formé « un consortium avec un capital de 25 000 dollars », ont acheté le stock d’arbres à un prix plus élevé que ce que les vendeurs traditionnels de New York étaient habitués à payer, puis se sont installés dans une zone non réglementée de la ville à proximité des docks publics, ce qui leur a permis de commencer à vendre des arbres dès le 1er Décembre. À l’opposé, un décret du Maire disposait que les vendeurs traditionnels ne pouvaient pas commencer à vendre leurs arbres avant le 19 Décembre. « Ces gens viennent à New York une fois par an ; ils n’ont pas de lourd loyer à payer ; ils louent tout l’espace qu’ils veulent pour peut-être 50 dollars, et vendent leurs marchandises pendant trois semaines avant nous », se plaignait un des vendeurs traditionnels.

Mais bien entendu, les habitants de New York ont bénéficié de leurs efforts : ils ont eu plus de temps pour acheter des arbres, et davantage d’arbres à choisir. Un numéro de 1902 du magazine Country Life en estimait le commerce annuel à New York à environ 400 000 arbres. Sept ans plus tard, le Times rapportait que près d’une famille américaine sur quatre avait un sapin, et que le commerce était particulièrement intense à New York et en Nouvelle-Angleterre, qui représentaient environ deux millions d’arbres sur les cinq millions qui ont été vendus cette année.

Bien que le sapin de Noël ait été introduit comme un moyen de freiner la commercialisation de la fête, il a en fait réalisé le contraire. Il a donné aux détaillants un nouvel objet à vendre, et cet objet à son tour a poussé à des dépenses supplémentaires. Une fois que vous avez l’arbre, il vous fait des décorations, et évidemment une vaste gamme de cadeaux. Une fois que vous décorez votre intérieur, pourquoi pas à l’extérieur de chez vous aussi ? L’arbre a aidé à « meubler » la fête, et le nombre croissant de « meubles » a donné aux gens de plus en plus de moyens pour faire de Noël une partie plus grande et plus importante de leurs vies.

Et l’idée de l’arbre n’aurait pas pris comme elle l’a fait s’il n’y avait pas eu les efforts d’entrepreneurs déterminés à le rendre plus disponible et plus abordable. Peu importe que les prix de Mark Carr aient été « exorbitants », lui acheter un arbre était sans aucun doute moins cher que d’aller en prendre un aux Catskills. L’année d’après il en a apporté davantage, et les a encore tous vendus. Jadis une affaire familiale limitée à quelques pratiquants, le rituel de l’arbre de Noël s’est facilement intégré au commerce.

■Traduction Benjamin Guyot pour Contrepoints de « How Capitalism Made the Christmas Tree Better »

Un téléphérique pour circuler à New York ?

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Essayer de ne pas renverser votre café, coincé entre des inconnus dans les transports en commun bondés, peut être une épreuve quotidienne pour les New-Yorkais.

D’où l’idée d’un promoteur immobilier, inspiré par les Alpes françaises, d’installer un téléphérique entre Brooklyn et Manhattan, solution idéale selon lui face à la surpopulation dans le métro aux heures de pointe. Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes traversent de Brooklyn à Manhattan pour aller travailler, s’entassant dans le métro et sur les ferries de l’East River, ou avançant, pare-choc contre pare-choc sur les ponts qui relient Brooklyn à l’île la plus célèbre du monde.

Depuis 15 ans, Brooklyn est devenu l’arrondissement new-yorkais branché par excellence, paradis des hipsters, rempli de bars et restaurants et d’immeubles aux vues spectaculaires. Mais une seule ligne de métro, bondée, la L, et une seule station, Bedford Avenue, desservent les quartiers très recherchés de Williamsburg et Greenpoint. Dans le secteur allant du Brooklyn Navy Yard, où Lady Gaga a lancé son dernier album, jusqu’aux limites du Queens, de 15.000 à 20.000 nouveaux appartements devraient être construits ces 20 prochaines années, explique Daniel Levy, l’homme derrière ce projet de téléphérique.

Construire un nouveau tunnel, ou un nouveau pont coûterait trop cher. Mais un téléphérique, sur le modèle de ceux existant en Europe, pourrait selon lui transporter 5 000 personnes par heure au-dessus de l’East River en quatre petites minutes. De quoi changer la donne de manière significative, pour les 15.000 personnes qui passent par la station de Bedford Avenue entre 7h30 et 9h30 le matin en semaine. « Je pense vraiment que c’est la meilleure solution, et je veux vraiment le voir construit », explique à l’AFP Daniel Levy depuis ses bureaux à la vue spectaculaire sur la skyline de Manhattan.

Il en a eu l’idée il y a deux ans et demi, alors qu’il skiait dans les Alpes françaises, quand il a eu la surprise de monter dans un téléphérique ultra-moderne. « Je suis monté et je me suis dit, mon Dieu, quelqu’un doit en installer un comme ça entre Brooklyn et Manhattan ».

New York a déjà un petit téléphérique, qui opère paisiblement entre Manhattan et l’île de Roosevelt Island sur l’East River.

La magie de Noël à New York

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by Mylene · 20 décembre 2014

J’avais très envie d’aller voir New York pendant la période de Noël, toutes ces images que l’on voit dans les films, les séries et les articles des blogueurs new-yorkais laissent rêveurs ! Du coup, pour notre dernier weekend aux USA avant nos vacances en France, il nous manquait encore quelques cadeaux de Noël et on est tombé sur un bon plan pour un hôtel dans Manhattan : l’excuse parfaite pour passer deux jours à New York et se plonger dans l’ambiance féerique des fêtes de fin d’année

Les vitrines des grands magasins
Parmi les choses à ne pas rater lorsqu’on visite New York à cette période : les vitrines des grands magasins tels que Barney’s, Bloomingdale’s, Macy’s, etc. Nos préférés sont très certainement celles de chez Macy’s (dans un univers plutôt enfantin) et Barney’s (avec chanteurs et patineurs artistiques en direct dans les vitrines !), on vous laisse juger !

Les vitrines de Macy’sLes illuminations de Noël
Comme dans toutes les grandes villes, New York se pare de ses plus belles illuminations pour les fêtes de fin d’année. L’endroit à ne pas rater ? Le célèbre Rockfeller Tree, le gigantesque sapin de Noël du Rockfeller Center, qui surplombe une patinoire en plein air.

(Pour la petite histoire, il pleuvait des trombes d’eau le soir, donc le plupart des photos ont été faites sous la pluie, avec nos smartphones !)

Tout près du Rockfeller Tree, on trouve aussi toutes sortes de jolies illuminations.

Embuscade à New York

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InternationalEmbuscade à New York
Deux policiers «assassinés»
Première publication 20 décembre 2014 à 16h45
Mise à jour : 20 décembre 2014 à 21h43

Crédit photo : Reuters
Agence France-Presse Deux policiers ont été tués par balles samedi après-midi à New York dans leur voiture, «assassinés» par un homme de 28 ans qui s’est ensuite suicidé, a annoncé dans la soirée le chef de la police de New York.

L’attaque a eu lieu à Brooklyn, dans le quartier de Bedford Stuyvesant à 14H50 locales (19H50 GMT), dans le contexte de manifestations à répétition à New York, après la récente décision d’un grand jury de ne pas poursuivre un policier impliqué dans la mort d’un père de famille noir, Eric Garner.

Le tueur, identifié comme Ismaaiyl Brinsley, 28 ans, a tiré à plusieurs reprises sur les policiers, qui étaient assis dans leur voiture, à travers la fenêtre du passager, les atteignant à la tête.

Ils ont été tués par balle, sans avertissement. Ils ont été purement et simplement assassinés», a déclaré le chef de la police Bill Bratton, lors d’une conférence de presse, précisant que le meurtrier, qui n’aurait selon lui pas de lien terroriste, était venu de la ville de Baltimore, à 300 km au sud de New York. Pris en chasse par d’autres policiers alors qu’il s’enfuyait à pied, il a mis fin à ses jours sur un quai de métro à proximité, a ajouté le chef de la police.

Selon M. Bratton, il avait auparavant posté sur les réseaux sociaux des commentaires très hostiles à la police. Il y mentionnait Eric Garner et Michael Brown, un jeune noir tué par la police à Ferguson (Missouri) en août, selon les médias locaux.

Le double meurtre a profondément traumatisé la plus importante force de police des États-Unis, dont deux membres avaient déjà été attaqués le 24 octobre par un homme armé d’une hachette. L’un de ces policiers avait été grièvement blessé, l’autre plus légèrement, et M. Bratton avait à l’époque évoqué un acte de terrorisme.

Crédit photo: Reuters)

Le maire de New York Bill de Blasio, démocrate dont les relations sont difficiles avec sa police, a lui aussi dénoncé samedi soir un «assassinat ressemblant à une exécution».

Le procureur de l’État de New York Eric Schneiderman a évoqué un «acte affreux de violence» et de nombreux policiers des différents commissariats de New York ont exprimé leur choc sur Twitter, envoyant condoléances et prières aux familles des victimes.

C’est la septième fois depuis 1972 que des policiers travaillant à deux sont ainsi tués à New York, selon M. Bratton.

Le meurtrier avait aussi blessé par balle samedi matin son ex-petite amie à Baltimore, avant de partir pour New York, a indiqué M. Bratton. Il a expliqué que Brinsley utilisait apparemment le compte instagram de la jeune femme pour ses commentaires anti-police.

Ce double meurtre intervient dans le contexte tendu de l’affaire Eric Garner, et après la mort d’un autre Noir non armé, tué dans la cage d’escalier obscure d’une HLM de Brooklyn le 20 novembre par un policier débutant. M. Bratton avait reconnu que la victime, Akai Gurley, était complètement innocente.

Eric Garner, père de six enfants soupçonné de vente illégale de cigarettes, était lui mort en juillet dernier lors d’une interpellation musclée à Staten Island, un des arrondissements de New York.

Au début du mois, un grand jury a estimé qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre le policier vu sur une vidéo amateur comprimer le cou d’Eric Garner pour le faire tomber à terre. Garner s’était plaint à plusieurs reprises de ne pas pouvoir respirer avant de perdre connaissance.

De nombreuses manifestations de protestation ont eu lieu à New York depuis la décision du grand jury, sans incident majeur, ainsi que dans d’autres villes américaines. La dernière à New York a eu lieu vendredi soir.

Le pasteur Al Sharpton, figure des droits civiques, très proche des familles Brown et Garner, a dénoncé samedi soir toute association entre la mort des policiers et l’affaire Garner.

«J’ai parlé avec la famille Garner et nous sommes scandalisés par les informations sur la mort des policiers à Brooklyn. Toute utilisation du nom d’Eric Garner ou Michael Brown, en relation avec toute violence ou meurtre de policier est répréhensible et va contre la poursuite de la justice dans ces deux affaires», a-t-il écrit dans un communiqué.