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Par Anaïs Digonnet | Publié le 07/06/2018 à 23:00 | Mis à jour le 08/06/2018 à 09:08
Le 22 mai dernier en France est sorti « Une fille comme elle », le dernier livre de Marc Lévy. Expatrié depuis 11 ans à New York, l’auteur français le plus lu au monde (50 millions d’exemplaires vendus et traduits dans 49 langues) revient sur la genèse de l’histoire qui se déroule au cœur de Manhattan.
Lepetitjournal.com/New York : Avec Une fille comme elle, le public vous retrouve de nouveau dans la comédie romantique. Pourquoi avoir décidé de revenir à ce style d’écriture après l’enquête de votre dernier roman La dernière des Standfield ?
Marc Lévy : Les comédies romantiques sont devenues si rares. Je trouve qu’il y a une telle hégémonie des romans où le jeu consiste à trouver l’assassin avant la fin du livre. Au lieu de chercher qui va tuer qui et pourquoi, j’ai préféré me demander qui allait aimer qui et pourquoi. Je sais que cela peut paraître naïf d’avoir envie d’une bouffée de joie de vivre, de s’extraire le temps d’une lecture de la noirceur du monde. Ce livre est aussi une comédie urbaine : la relation entre Sanji et Chloé n’étant pas exclusive à toute l’histoire.
« Je ne pouvais pas trouver meilleur théâtre que New York pour raconter cette histoire »
Les États-Unis sont présents dans presque l’intégralité de votre œuvre. Pourquoi avoir choisi New York pour dérouler cette nouvelle histoire ?
Les États-Unis est un pays qui m’a passionné très jeune mais je n’ai jamais écrit une histoire en préméditant qu’elle s’y déroule. Depuis mon premier roman, le décor est un personnage à part entière de l’histoire. Il n‘y pas de calcul préalable. Le voleur d’ombre (sorti en 2010) est un roman qui n’a pas de lieu, car j’y évoque le rapport que nous entretenons à l’enfance, la résonance qu’elle peut avoir dans nos vies d’adultes. Que le roman se passe en France, en Italie ou en Espagne n’a pas d’importance. Quand j’ai écrit, L’étrange voyage de Monsieur Daldry (sorti en 2011) qui raconte le périple entrepris par une Anglaise dans les années 1950 sur la route des parfums, l’histoire se passe forcément par Istanbul, car l’héröine part sur les traces de son passé qui se révèlent dans la mémoire des odeurs. Une fille comme elle (2018) évoque la façon dont vibre en nous notre différence et la façon dont la société va l’accepter ou la rejeter. Si bien que je ne pouvais pas trouver meilleur théâtre que New York pour raconter cette histoire.
Vous vivez à Manhattan depuis 11 ans. Est-ce qu’Une fille comme elle fait écho à votre quotidien ?
Oui, certains éléments du roman y font écho, l’histoire se passe pour partie dans mon quartier. Ecrire c’est être en observation permanente et il y a beaucoup de choses dans ce livre qui sont le fruit d’une écoute et d’une attention portées aux autres. Et puis, New York est un lieu de création idéal quand on est écrivain car elle offre une incroyable diversité humaine, culturelle et ethnique.
« C’était un peu comme si j’écoutais à la porte du truculent voisinage de cet immeuble de la Cinquième Avenue »
En 2017, vous avez donné une conférence au siège de Google à Paris où vous racontiez qu’avant de vous lancer dans un livre, vous partagiez une anecdote fictive avec votre entourage, anecdote qui serait arrivée à l’un de vos amis. Si, au fil de votre narration, votre audience demandait des détails, vous saviez alors que vous teniez le fil conducteur de votre histoire. Avez-vous procédé de la même manière pour la réalisation de ce nouveau roman ?
Pas cette fois, car ce livre s’est construit pendant que je l’écrivais. Je n’avais pas de plan : je suis entré dans l’histoire avec les personnages qui m’ont guidé de page en page. C’était un peu comme si j’écoutais à la porte du truculent voisinage de cet immeuble de la Cinquième Avenue. J’ai aussi réalisé un vieux rêve d’enfant, lorsque vous marchez dans les rues et vous vous interrogez sur les vies qui se déroulent de l’autre côté des façades, derrières le fenêtres. Avec mon stylo, j’ai poussé la porte cochère et j’ai épié…
Quels sont vos endroits préférés à New York ?
Cela varie selon les saisons mais je dirais Washington Square Park et Greenwich. Ces deux endroits forment une bande latérale que j’adore avec le prolongement sur NoLiTa. C’est un quartier très jeune et assez joyeux où il y a plein de petites galeries, de bistrots et où les rues sont étroites, sans grandes avenues. C’est un îlot que j’aime énormément.
Deviendrez-vous Américain ?
Je le suis, sans avoir renoncé à ma nationalité française, ce que je ne ferai jamais. Le fait de voyager vous éloigne mais ne change rien à vos racines.