Alors que New York doit gérer des quantités astronomiques de déchets, les arthropodes des espaces verts consommeraient une part non négligeable des ordures, d’après les spécialistes. De quoi réduire les émissions de méthane des décharges et limiter le nombre d’animaux nuisibles
Une mégalopole comme New York est un véritable casse-tête au niveau de la gestion des déchets. Chaque jour, c’est pas moins de 12.000 tonnes de déchets qui sont produites par la population de la mégalopole. Des déchets qu’il faut bien entendu ramasser et traiter. Mais heureusement, les éboueurs ne sont pas seuls dans leur tâche : ils sont aidés par des alliées surprenantes : les fourmis. Selon un article publié dans la revue Global Change Biology, ces insectes jouent en effet un rôle crucial dans la gestion des déchets de la Grosse Pomme : ils permettent de nettoyer une partie des déchets organiques et limitent la prolifération des rats. Deux choses dont New York a bien besoin. Ce sont des chercheurs de l’université d’Etat de Caroline du Nord qui sont arrivés à cette conclusion en menant une étude sur le terrain.Pendant celle-ci, ils ont scruté deux types d’espaces verts : les parcs municipaux et des terre-pleins centraux aménagés. De très nombreux déchets alimentaires ont été retrouvés sur ces 45 sites comme des morceaux de hot-dogs, des chips, des miettes de biscuits… L’équipe a ensuite observé la production et la disparition de ces déchets sur 24 heures, ainsi que les populations d’arthropodes qui vivent dans les parages. Outre 32 espèces de fourmis, des araignées et des mille-pattes ont aussi suscité de l’intérêt pour un total de 16.296 bestioles ramassées grâce à un aspirateur.La fourmi de trottoir à la rescousse L’étude a conclu que les arthropodes jouaient un rôle bien plus important qu’on ne l’aurait pensé : ils débarrassaient chaque terre-plein d’entre 4 à 6,5 kilos de déchets par an. Un chiffre non négligeable, surtout quand on tient compte du fait que les insectes ne sont pas actifs lors des rudes hivers new-yorkais. Dans les quartiers de Broadway et de West Street, cela représente près d’une tonne de déchets en moins par an, soit 60 000 hot-dogs. « Ce n’est pas juste un résultat amusant, affirme Elsa Youngsteadt, qui a participé à l’étude. Cela souligne un véritable service rendu par les arthropodes, ils s’occupent réellement des déchets pour nous. L’espèce la plus courante dans les terre-pleins est la fourmi de trottoir, Tetramorium caespitum ».Selon les spécialistes, le nettoyage des déchets organiques a aussi l’avantage de laisser les autres déchets plus propres. Ainsi, les emballages et autres contenants sont acheminés jusqu’aux décharges avec moins de matière organique. Sans cela, celle-ci se dégraderait et contribuerait aux émissions de méthane qui s’échappent des dépotoirs. Enfin, la consommation de ces nutriments par les fourmis signifie qu’il en reste moins pour les pigeons et les rats, ce qui réduit leur prolifération. Elles ont beau être discrètes sur les trottoirs, les New-yorkaises à six pattes seraient donc devenues indispensables à l’écosystème de la Grosse Pomme. Avez-vous déjà partagé cet article ?