Comment New York veut devenir une métropole résiliente

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Outre la mise en place d’une ambitieuse politique d’atténuation, la mégapole américaine se prépare activement à la montée du niveau de la mer.

La capitale économique américaine est l’une des premières métropoles planétaires à mettre en œuvre une stratégie climatique globale. Sous la dernière mandature du charismatique Michael Bloomberg, la Grosse pomme s’est doté d’un plan de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre: réduction d’un tiers de ses rejets de CO2[1]. Ambitieux, si l’on garde en tête que la première ville des Etats-Unis prévoit d’accueillir un million d’habitants supplémentaires d’ici à 2030.

Pour atteindre son but, New York entend réduire le facteur carbone de l’électricité qu’elle consomme (actuellement 306 grammes de CO2 au kilowattheure, comme en Europe), construire 314.000 logements consommant peu d’énergie à proximité des réseaux de transports publics, planter un million d’arbres et accroître la valorisation des déchets.

Le cataclysme Sandy

A l’origine des trois quarts des émissions carbonées, les propriétaires d’immeubles devront agir, eux aussi. En commençant par des audits de performance énergétique. En cours de dépouillement, leurs résultats pourraient inciter la mairie à revoir à la hausse les normes de construction, voire à imposer une taxe sur les passoires thermiques.

Ça, c’était jusqu’en octobre 2012. Le 29 octobre, l’ouragan Sandy balaie la côte orientale des Etats-Unis, occasionnant des dizaines de victimes et près de 50 milliards de dollars de dégâts (42 Md€). A cette occasion, New York (re)découvre sa vulnérabilité aux inondations. Sous l’effet des fortes précipitations cycloniques, du vent et de la marée, une bonne partie de Manhattan, de Staten Island et du Queens se retrouvent sous les eaux. Les voies de circulations et les lignes de métro sont coupées. Coupés aussi, les réseaux de gaz et d’électricité: 600.000 New Yorkais se retrouvent dans le noir plusieurs jours durant. Le black out finit par atteindre les bâtiments vitaux, tels les hôpitaux, dont les groupes électrogènes ne pouvaient être alimentés en gazole.

850 kilomètres de côtes

Le calme revenu, la municipalité passe à l’action. L’équipe Bloomberg commande à son bureau de l’urbanisme l’élaboration d’une stratégie d’adaptation aux conséquences des changements climatiques. Elle complètera le programme d’atténuation lancé en 2007. En ligne de mire des autorités: la protection contre la montée des eaux. Un travail de titan. «On l’oublie souvent, mais la ville de New York est bordée de 850 kilomètres de côtes. Il est donc parfaitement irréaliste de vouloir monter des digues, sauf bien sûr à des endroits stratégiques», souligne Cécilia Kushner en charge de la lutte contre les inondations au sein du bureau de l’urbanisme.

En quelques mois, les experts du City Planning font les comptes: 71.500 bâtiments abritant 400.000 New-Yorkais se trouvent en zone inondable. Des chiffres qui pourraient doubler d’ici à 2050. Dans la foulée, la ville se dote d’un bureau dédié à la résilience. Priorité va à l’énergie. «Après le passage de Sandy, beaucoup de réfugiés n’ont pu rentrer chez eux ni retourner travailler car le courant n’avait pas été rétabli», explique Cécilia Kushner. Les compagnies de distribution de gaz et d’électricité ont été priées de renforcer leurs réseaux. Les protections contre les eaux de certaines sous-stations électriques ont été durcies.

Préparation à la vie amphibie

Les logements n’ont pas été oubliés. Contrairement à maints pays d’Europe, les Etats-Unis n’interdisent pas de construire dans les zones inondables. Pas question, donc, de déplacer les habitants des maisons et des immeubles les pieds dans l’eau. Au contraire, New York leur impose de se préparer à la vie amphibie. Ce qui ne se fera pas sans peine. Durcie en 2012 et 2014, la législation fédérale augmente d’année en année (parfois de 18%/an) les primes d’assurance des propriétaires qui ne protègeront pas leurs immeubles situés en zone inondable. Dissuasif.

Ceux qui restent devront investir. Et réaliser les travaux, parfois conséquents. Souvent occupés par des familles de la Middle Class, les pavillons de plain pied devront être rehaussés d’un étage pour éviter que leurs occupants ne s’y retrouvent piégés par les flots. Pour réduire la puissance de l’eau, les façades situées face à l’océan seront protégées par une haie vive. Les portes et les fenêtres devront être renforcées pour éviter d’être enfoncées par les eaux.

Les nouvelles règles d’urbanisme dissuadent aussi l’installation d’habitants (de leur pièce à vivre surtout) en sous-sol ou en rez-de-chaussée dans les immeubles à étage. Tous les systèmes domestiques vitaux (disjoncteur, par exemple) devront être situés dans les étages supérieurs. Pas sûr dans de telles conditions que les New-Yorkais les plus modestes aient encore les moyens d’habiter à proximité de l’océan.

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[1] L’objectif a été porté à – 80% entre 2014 et 2050 par le nouveau maire Bill De Blasio, élu en 2014.

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