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Manhattan Marilyn – Philippe Laguerre – Collectif ZLLT : Littérateurs des ombres (over-blog.com)
Manhattan Marilyn est un roman particulier à plus d’un titre. En effet, Philippe Laguerre le signe de son vrai nom, abandonnant, pour la première fois de sa déjà longue carrière, son pseudonyme de Philippe Ward. Un tel choix n’a rien d’anodin, surtout vis-à-vis des deux thèmes principaux de ce livre. En l’occurrence la ville de New York d’un côté, et la figure de Marilyn Monroe de l’autre – soit deux des sujets de prédilection de Philippe Laguerre-Ward. Je ne crois pas aux coïncidences. Si on me demandait mon avis, je dirais donc que l’auteur a voulu regarder ses passions en face pour mieux leur rendre ce double hommage. Comme si le fait de se débarrasser de son masque l’avait aidé à rendre cette affaire encore plus personnelle. Mais trêve d’extrapolation oiseuse, et entrons sans plus attendre dans le vif du sujet.
Manhattan Marilyn se déroule donc, comme son titre le laisse entendre, à New York. Dès le début du roman, nous faisons la connaissance de Kristin Arroyo, ex-Marine revenue à la vie civile, et désormais ardente militante au sein du mouvement Occupons Wall Street, qui fait grand bruit en cet automne 2011. La jeune femme se lie d’amitié avec Nathan Stewart, un photographe qui souhaite consacrer une exposition au mouvement de protestation. En confiance, elle lui confie le seul héritage qu’il lui reste de son grand-père, lui-même photographe de renom. Une série de clichés inédits sur lesquels apparaît… Marilyn Monroe. Une véritable aubaine pour Michael Pear, qui travaille à la Fondation Monroe. Seul « petit » bémol : il se trouve que ces clichés n’intéressent pas que le sympathique milliardaire…
Après une série de réactions en chaîne dramatique, Kristin se retrouve traquée et contrainte à prendre la fuite. Pour autant, l’ancienne militaire n’est pas sans ressource. Elle peut compter sur le soutien de Michael, mais aussi sur celui de Ian, un ancien Marine avec lequel elle est restée liée depuis son retour aux États-Unis. Certes, Ian n’est plus vraiment le guerrier d’élite qu’il était, mais s’il dort désormais dans une ancienne station de métro abandonnée en compagnie d’autres sans-abris, l’homme a encore du réseau, logé à la même enseigne que lui – celle de la belle étoile, en l’occurrence. Le « Home sweet home » ne l’est pas toujours pour ceux qu’on appelle « les vétérans »…
Néanmoins, ces soldats de (mauvaise) fortune ont encore du répondant, et heureusement. Car Kristin a ouvert sans le vouloir une véritable boîte de Pandore, et révélé un des secrets les mieux gardés de l’histoire américaine contemporaine. Un secret convoité à la fois par la Mafia, le FBI et le tout-puissant lobby occulte du Triangle de Fer. Mais la petite « armée des ombres » qui entoure la jeune femme est prête à livrer un ultime baroud d’honneur, et pour cause : l’honneur, c’est tout ce qui lui reste.
Et Marilyn dans tout ça ? Hors de question de dévoiler ce qui constitue l’un des ressorts majeurs de l’intrigue, mais que le lecteur soit rassuré : la célèbre actrice n’est pas ici réduite à une série de photographies. Elle se trouve bel et bien au cœur de l’histoire, qu’il s’agisse de la grande ou de la petite. Tout le talent de l’auteur consiste d’ailleurs à mêler les deux pour mieux explorer ses propres pistes. Et celles-ci s’avèrent pour le moins surprenantes… Avec Manhattan Marilyn, Philippe Laguerre signe donc un Thriller d’action trépidant – passé le premier tiers du livre, le rythme s’emballe et ne ralentit plus jusqu’à la fin –, tout en respectant à la lettre la double note d’intention de son titre, mais sans pour autant s’y restreindre. Tout le monde peut croquer dans la Grosse Pomme cuisinée par Philippe Laguerre, alors ne vous en privez pas.