— Toi le premier.
Peter hésita avant de répondre.
— Ne me dis pas le contraire, continua Lisa, je le lis sur ton visage. Ce n’est pas une vie, si je puis dire.
— Tu as raison, nous avons tous des envies de suicide, mais cela nous est impossible, la mort, la vraie nous est inaccessible. Et c’est peut-être l’enfer ici, pas le purgatoire. Mais cela ne résout pas notre problème.
— Tu te trompes. Si John Lennon n’a pas été tué, on l’a enlevé ou alors il a disparu de lui-même. Retournons au Madison Square Garden. Je veux revoir les lieux, je suis sure que la solution s’y trouve.
Elle se leva et descendit les marches, Peter la rejoignit.
— On peut prendre un taxi ? demanda-t-elle, je n’ai pas envie de retourner dans le métro, cela me donne le cafard.
— Pas de problème, il y aura bien un chauffeur fantôme qui nous verra. Il faut attendre un peu plus que dans ton monde.
Un taxi s’arrêta au bout de deux minutes. Ils montèrent à l’arrière et Peter lui demanda de les conduire au Madison Square Garden.
— Pour le métro, je pense comprendre le fonctionnement, dit Lisa, vous prenez le même que pour les vivants, mais vous ne les voyez pas et eux non plus. Mais pour les taxis, je ne saisis pas. Pourquoi des fantômes continuent à les conduire ?
— Parce qu’ils ne savent rien faire d’autre, répondit Peter, passer des heures assis sur un banc devant la statue de la Liberté, cela va un jour. Eux au moins ils ont un but : conduire des fantômes, discuter avec eux. Moi je n’ai rien, je passe mes journées à me promener. Les artistes, eux, sont peut-être ceux qui ont le plus de chance, ils peuvent continuer leur art.
— Ce n’est pas ce que pensait Charlie Parker.
— Disons que c’est l’idée que j’avais mais peut-être que c’est aussi dur pour eux.