Par Guillaume Errard Mis à jour le 10/02/18 à 07:00 Publié le 10/02/18 à 07:00
En vous baladant du côté de Manhattan, avez-vous déjà croisé cet imposant gratte-ciel ? Sachez qu’au départ, il était conçu pour résister à une frappe nucléaire. Et aujourd’hui, à quoi sert-il ?
Vous imaginez-vous travailler dans un immeuble sans fenêtres? Sans doute pas. Si vous vous retrouvez à Manhattan, vous croiserez sans doute une imposante masse en béton qui se dresse en plein cœur de New York. C’est le cas de Tom Hanks. Intrigué, l’acteur américain a publié, il y a quelque temps déjà, une photo d’un immeuble, sans fenêtres, digne des plus grandes heures du brutalisme. «L’immeuble le plus terrifiant jamais vu», a-t-il écrit. Et de s’interroger: «Mais qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur?».
Au départ, ce bâtiment a été conçu en 1974 sous le nom de «Projet X» pour résister à… une attaque atomique, raconte le site d’investigation en ligne américain The Intercept qui a enquêté pendant des années sur le mystère entourant cet immeuble. L’architecte à l’origine de sa construction voulait en faire une «tour-forteresse». Ce gratte-ciel disposerait de quoi alimenter 1500 personnes en eau, nourriture et électricité pendant deux semaines en cas de catastrophe nucléaire. Aujourd’hui, son utilisation principale est tout autre.
Officiellement, le bâtiment de 29 étages (168 mètres) appartient à l’un des plus grands opérateurs téléphoniques et fournisseurs d’accès internet américains AT&T. Si vous le cherchez sur Google Street View, vous le trouverez sous l’appellation «AT&T Long Lines Building». La société, qui emploie plus de 250.000 employés dans le monde, s’en sert comme d’un centre de télécommunications. On y trouverait du matériel capable de recevoir et de transmettre un très grand nombre d’appels et de procéder aux transferts des données entrant aux États-Unis.
C’est ainsi que The Intercept aurait découvert, sur la base de plusieurs documents confidentiels de la NSA qu’ils ont recoupés avec des informations délivrées par le lanceur d’alerte Edward Snowden, que l’immeuble abriterait aussi l’un des plus puissants centres d’espionnage du monde. Son nom? Titanpointe. C’est depuis cette «tour-forteresse» que les États-Unis auraient notamment espionné les Français, les chanceliers allemands et les premiers ministres britanniques pendant plusieurs années. Mais alors, que reste-t-il d’AT&T qui était censé occuper ces locaux? D’après les documents publiés par The Intercept, le nom de code «Titanpointe», qui désigne l’immeuble du géant américain, est mentionné à de nombreuses reprises dans des rapports internes de la NSA liés à des opérations de surveillance. Des mentions qui l’associent souvent à «Lithium», un autre nom de code connu pour désigner… AT&T. Voilà de quoi vous donner sans doute quelques frissons lorsque vous (re)passerez devant l’immeuble.