Certains l’aimeraient froide
Régulièrement, l’actualité nécrophilique revient sur les disparitions de certaines vedettes en évoquant l’idée qu’elles ne sont peut-être pas mortes et qu’elles continuent à vivre tranquillement, éloignées de la célébrité qui a failli les détruire. Elvis Presley, Jim Morrison ou Mickael Jackson ont fait et continuent de faire vivre cette rumeur. Pour d’autres, en revanche, la question ne s’est pas posée et leur décès a été accepté, même si des rumeurs courent sur les raisons exactes et les circonstances précises de leur mort. Combien de fois a-t-on spéculé sur la mort de Marilyn Monroe, sur ses liens avec la mafia et la famille Kennedy, sur les secrets d’alcove qu’elle aurait pu connaître ?
Dans ce roman de Philippe Laguerre, Marilyn Monroe va revenir dans l’actualité par l’entremise de Kristin Arroyo, une femme vétéran des guerres d’Irak. Dans les affaires laissées par grand-père, elle découvre des photos inédite sur lesquelles apparait justement Marilyn Monroe. C’est alors qu’un ami photographe la convainc d’exposer ces photos. Mal lui en a pris car à peine quelques heures plus tard, des hommes tentent de la tuer. Elle découvre son ami photographe abattu et de mystérieux personnages tournent autour d’elle. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Qu’y a-t-il sur ces photos qui excitent à ce point (à part la plastique irréprochable de la vedette de cinéma) ? Le roman ramène sur le devant de l’actualité Marilyn et le charme de celle-ci, la vénération que lui vouent ses fans encore aujourd’hui transparaît dans les réactions des personnages. En choisissant cette vedette, Philippe Laguerre réalise un focus prenant sur un mythe tellement brillant qu’il irradie sur son intrigue. Du coup l’histoire est menée tambour battant autour d’une jeune femme, soldat aguerrie, et ses alliés improbables : un milliardaire qui s’ennuie, un groupe de vétérans déclassés sociaux qui hantent les rues de New York, une famille mafieuse et des groupes qui s’agitent dans la pénombre propice à tous les comploteurs. Les personnages dessinés en quelques traits acquièrent une vitalité sympathique, et l’intrigue avance, de manière logique, jusqu’à une conclusion ô combien raisonnable, mais ô combien amère.
Le romancier Philippe Laguerre qui avoue une fascination pour la ville de New York sait ici l’inscrire dans son histoire, la décrire comme le ferait un « local ». Entre les descriptions, l’intrigue et la thématique, on pourrait chercher le titre original et la mention du traducteur. Si la raison qui pousse les personnages à s’entretuer est un peu légère, ce n’est pas réellement important tant elle permet de raconter une histoire intéressante, et surtout de redonner vie à une légende, de bien belle manière. Les vieux lecteurs que nous sommes se prennent même à rêver que cette histoire est vraie, et que nous avons pu participer, même comme vétéran handicapé, à cette course-poursuite dans New York juste pour le frisson de croiser ce qui est le retour de l’un des plus beaux fantômes du XXe siècle. Avec Manhattan Marylin, Philippe Laguerre a su nous captiver…
Citation
« L’idée lui vint soudainement : elle devait mourir pour ne pas mourir. Comme une mort de cinéma. »