Imaginez la Terre dans 85 ans. La médecine aura fait de tels progrès que vos enfants seront encore en pleine forme. Il y aura peut-être 16 milliards d’êtres humains. Près de New York, il fera aussi chaud en hiver qu’au Texas actuellement. Sauf que New York ne sera plus. Elle sera sous les eaux.
C’est en tous cas la prédiction du scientifique James Hansen, ex climatologue en chef de la Nasa et éminent spécialiste du changement climatique, publiée dans la revue Atmospheric chemistry and Physics, et qualifiée de «controversée» par le quotidien américain Wasington Post.
La publication, co-signée par 16 autres scientifiques, met en garde contre les dangers du réchauffement climatique, affirmant qu’une augmentation de deux degrés des températures terrestres pourrait avoir des conséquences beaucoup plus importantes que ne le prévoit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU (GIEC), qui a fixé cet objectif aux Etats en 2009. Objectif qui doit par ailleurs servir de base de discussion pour la COP 21, le sommet sur le climat prévu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Pour James Hansen, professeur à l’Université de Columbia et l’un des premiers scientifiques à avoir alerté l’opinion publique sur les gaz à effet de serre, le niveau de la mer pourrait augmenter de cinq à neuf mètres d’ici 200 ans, voire d’ici la fin du siècle, et des catastrophes naturelles se déclencher. Des villes comme Hong Kong, Londres, New York ou Shanghai deviendraient inhabitables. L’objectif de deux degrés représente donc «un danger élevé», selon lui.
Mais cette étude n’a pas encore fait l’objet d’une revue critique de ses pairs. Le scientifique, qui a pris sa retraite de la Nasa il y a quelques mois, a en effet donné une conférence de presse alors que l’article n’était pas encore en ligne. Et celui-ci a été publié dans une revue open source, et n’a donc pas fait l’objet d’une étude de ses collègues. Un expert interrogé par le Washington Post critique l’étude, estimant qu’elle fait trop d’extrapolations. Mais d’autres pensent que le GIEC est trop conservateur, et que ses chiffres sont trop optimistes.
James Hansen a indiqué qu’il avait choisi de court-circuiter le processus normal de publication d’un papier scientifique pour qu’il soit prêt à temps pour les négociations de la Cop 21, qu’il souhaite influencer. Son article sera très certainement discuté à ce moment-là.