Archives mensuelles : mars 2015

Cyrille de Vignemont : le photographe français conquiert New York

Photographe, plasticien et réalisateur, Cyrille de Vignemont a été annoncé comme l’un des cinq artistes internationaux à suivre en 2015 par le MoMA de New-York : il est le seul représentant français de cette liste.

Ses talents de réalisateur ont été reconnus et récompensés par de nombreux prix comme le Saatchi&Saatchi Best New Director ou le Narrative Video Award aux Antville Music Videos Awards.

Un univers unique en son genre

Son œuvre est particulièrement troublante, soulignant toute l’animalité de l’humanité. La lumière est au centre de ses photos : elle se fait solaire, palpable et nostalgique. C’est en effet beaucoup de nostalgie qui s’en dégage : celle de l’enfance, thème qui traverse toutes ses productions. L’enfance se traduit par ses doutes, son imaginaire et ses souvenirs. Des mains, des yeux, des visages décomposés : Cyrille parle du corps et de sa relation avec la nature qui l’a créé.

http://www.grazia.fr/culture/persona-grazia/articles/cyrille-de-vignemont-le-photographe-francais-conquiert-new-york-749744

Patrick parle de Ciel d’acier

http://taurasdubouquin.tumblr.com/post/114513331472/iron-workers

Pour les amateurs de lecture je vous conseille ce bloc et en plus ici il parle d’un livre sur New York

Derrière l’horreur, le 11 septembre 2001 a révélé l’abnégation et le dévouement des corps de pompiers et de policiers new-yorkais. D’autres sont restés dans l’anonymat. Des passants, des employés, des inconnus. Mais aussi un corps relativement peu connu, les “ironworker” ; cette corporation d’ouvriers spécialisés dans la construction des gratte-ciels aux caractéristiques physiques impressionnantes, ne serait-ce que pour leur capacité à travailler sur des poutrelles d’acier à plusieurs centaines de mètres de hauteur sans ressentir le moindre vertige.
Le rugissement des Boeing au-dessus de leur casque les surprirent. Ils levèrent la tête et assistèrent, confondus, à cette scène inimaginable des impacts sur les Twin Towers. Lorsqu’elles s’effondrèrent, il leur fallut bien peu de temps pour venir déblayer les gravats, cisailler les madriers métalliques, extraire les débris, en quête de survivants. La plupart étaient des Mohawks. Parce que ce boulot est devenu l’une de leur tradition depuis que les Canadiens avaient fait appel à eux pour construire en 1886 un pont d’acier sur le Saint-Laurent. Parce que ce peuple possède la particularité d’ignorer le vertige, dit-on. Erreur ! Apprendre à dominer sa peur est simplement dans leur culture. Tout comme il faut savoir appréhender le danger pour mieux l’affronter, élément essentiel de leur culture.
Depuis, près de six générations se sont succédé pour construire l’Amérique d’aujourd’hui. Et pour sauver des vies. Michel Moutot nous le rappelle dans ce roman magistralement documenté. L’histoire de Jack Laliberté, foudroyé par la foudre dans les cieux de Manhattan, et dont la clef à molette est restée cachée, là haut ; dans le squelette de cette tour qui l’a vu chuter dans le vide. L’histoire de John, son propre fils qui a pris la place vacante de son père. Avec quel panache.

Un roman qui relate les destinées de ces indiens d’Amérique du nord, souvent décriés, et pourtant bâtisseurs de l’Amérique. Un peuple qui, il est bon de le rappeler, a gagné, par son travail et son courage, sa place dans le monde des Blancs, sans renier ses croyances et ses traditions. Le World Trade Center n’est plus, tout comme nombre des Mohawks qui l’ont construit. Mais les fils de ces derniers ont repris le flambeau, montant petit à petit la merveilleuse Liberty Tower sur l’emplacement même ou disparurent nombre de victimes innocentes.

Michel Moutot sait de quoi il parle ; correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à New York en 2001, il a reçu le prix Louis Hachette pour sa couverture des attentats du 11 septembre. Il avait obtenu auparavant, le prestigieux prix Albert Londres pour ses reportages sur la guerre au Kosovo.
« Ciel d’acier » par Michel Moutot. Éditions Arléa

et n’oubliez pas le blog…

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Magie noire à New York

C’est le titre d’un roman de SAS, mais de mystérieuses têtes de chèvres ensanglantées inquiètent New York

Depuis plusieurs années des têtes de chèvres apparaissent soit sur lampadaires, soir dans les parcs new-yorkais. En novembre, c’est en plein cœur du quartier Park Slope à Brooklyn que deux têtes de chèvres ont été trouvées

Le 12 mars une femme est aussi tombée devant un crane de chèvre aux abords de Prospect Park, à Brooklyn. La tête était encore recouverte de fourrure et à côté d’une assiette de terre cuite remplie d’une substance blanchâtre dans laquelle étaient plantées trois plumes.

Des rites Vaudou ? Voilà la première explication qui est venue

Ces scénarios étranges se répètent depuis 2010 à Brooklyn. Les têtes sont accrochées comme les chaussures que les gangs suspendent au-dessus des rues ou dans les parcs pour marquer leur territoire.

A New York, certains pensent trouver des explications du côté des rites Vaudou. Il pourrait s’agir de sacrifices religieux de la santeria, un culte mêlant pratiques chrétiennes et croyances africaines, comparable au vaudou. La religion est répandue dans les Caraïbes, en particulier à Cuba. Or une importante communauté issue de ces pays-là est installée aux abords de Prospect Park.

Les géants endormis de New York

Un collectif d’artistes diffuse depuis quelques semaines sur les murs de New York des vidéos géantes de personnes endormies. Le but : confronter le calme à l’énergie débordante de la Grande Pomme.

Le collectif Dawn Of Man a décidé d’illuminer les rues de New York la nuit avec des vidéos paisibles de personnes endormies. Diffusés aux quatre coins de la Grande Pomme, les géants somnolant ont été créés “précisément pour s’adosser aux murs ou se blottir dans les renfoncements”, décrit The Creators Project

“Cette série de projections vidéo juxtapose le calme et l’état de méditation que représente la sieste à l’énorme énergie de cette ville qui ne dort jamais, explique Max Nova, un artiste du collectif. Un public que l’on n’attendait pas surgit à chaque présentation, souvent avec de l’étonnement, des visages lumineux et toujours un tas de questions.”

Les projections doivent se dérouler jusqu’à cet été dans les rues de New York

Le New York du début du XXIe siècle vu par Michael Cunningham

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un excellent article paru dans l’Express

Snow Queen ou le New York du début du XXIe siècle entre désillusions et espoirs de rédemption. Rencontre d’hiver avec un Michael Cunningham au sommet de son art.

Le Caffe Reggio, et ses théières fumantes, offre le refuge parfait aux misères hivernales. Michael Cunningham, qui, six heures par jour, ouvrage ses phrases légendaires dans son bureau tout proche, s’arrête souvent dans ce vestige de l’ancien Greenwich Village pour se délester de ses personnages avant de rejoindre l’avenue B, plus à l’est, où il vit depuis sa séparation avec son compagnon.

L’artiste de l’introspection, le calligraphe méticuleux des états d’âme, l’auteur cérébral des Heures, déploie sa surprenante carrure d’athlète sexagénaire et ponctue la conversation de rires tonitruants, sans perdre une miette de la comédie new-yorkaise aux tables voisines, ni du mauvais temps sur MacDougal Street.

Ce lauréat du prix Pulitzer et du PEN/Faulkner Award travaille déjà sur un septième roman et prépare une série télé (pour la chaîne câblée Showtime) campée dans le milieu des cinéastes rebelles des sixties, mais l’hiver newyorkais tombe à pic pour saluer la sortie en France de son dernier livre, publié en mai 2014 aux Etats-Unis. Snow Queen (La Reine des neiges), un titre emprunté à Hans Christian Andersen, commence dans un Central Park enneigé, où Barett -son personnage- dépité par un texto de rupture de son dernier jeune petit copain en date, aperçoit dans le ciel de Manhattan une lumière étrange qui scintille comme une réponse à sa crise existentielle.

Les affres de la création, épicées de lignes de coke
Barett-le-paumé, fleuron de la prestigieuse université Yale, aujourd’hui employé, à 38 ans, comme vendeur dans la boutique de fringues d’une amie, retourne avec le secret de sa révélation mystique dans l’appartement qu’il partage avec son grand frère Tyler, au fin fond du Brooklyn encore zonard des années 2000. Le frangin n’est pas mal non plus, quadra figé dans ses souvenirs rancis d’ancien musicien prodige, acharné à composer la chanson parfaite dédiée à sa compagne, Beth, atteinte, pour tout arranger, d’un cancer avancé.

De ce trio éclopé, symbole de la « lose » et des illusions new-yorkaises, Cunningham trouve à nouveau matière à une fable somptueuse sur les affres de la création et l’autodestruction, épicées de lignes de coke et d’espoir de rédemption. Elle est située, pour faire bonne mesure, à l’époque de tous les tourments et de tous les espoirs américains, entre la réélection de George Bush et la victoire historique de Barack Obama.

« J’aurais pu présenter ce roman comme un livre sur le temps qui passe et la conscience de la mortalité, s’amuse-t-il. Mais vous imaginez la tête de mon éditeur… » Cet orfèvre de la lenteur fige Tyler et Barett dans une « recherche » proustienne made in Brooklyn, mais leurs atermoiements feraient aussi les choux gras de Woody Allen ou de Flaubert, dont la Bovary s’invite parfois dans les dialogues. « J’y vois un hommage au métier d’écrivain, explique Cunningham, qui consiste à tirer la beauté épique de l’ordinaire humain. Voyez avec quel art cette petite bonne femme merdique et étriquée a pu être érigée en héroïne de la littérature du XIXe siècle ! »

Dieu aussi semble être à l’honneur. En six romans, l’auteur n’a jamais tant frayé avec la mystique. Est-ce un hommage à la foi catholique de sa mère, pendant son enfance trop tranquille dans l’Ohio et à Los Angeles ? « C’est un choix naturel d’écrivain dans un pays imprégné par le religieux, répond-il. A un ami qui m’opposait la raison contre le surnaturel, j’ai un jour répondu : « Bon, tu as gagné ! » Nous vivons dans un monde, dans un New York à jamais privé de magie et d’étrangeté. Qu’est-ce qu’on fait maintenant? Du shopping ? » On l’entend rire à l’autre bout du Caffe Reggio.

Snow Queen, par Michael Cunningham, trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Damour. Belfond, 288p., 20,50€.