Des armées d’insectes et autres arthropodes jouent un rôle important pour nettoyer les tonnes de déchets alimentaires produits par les humains qui se retrouvent dans les rues et parcs de Manhattan, ont déterminé des chercheurs.
«Nous estimons que les insectes dans la seule partie médiane du corridor de Broadway à West Street consomment plus de 950 kilos d’aliments de restauration rapide par an qui ont été jetés, soit l’équivalent de 60 000 hot-dogs», estime Elsa Youngsteadt, une chercheuse de l’Université de Caroline du Nord, principale auteur de cette recherche publiée en ligne mardi dans la revue américaine Global Change Biology.
«Ceci met en lumière le véritable service que ces insectes fournissent en éliminant efficacement nos ordures», poursuit-elle.
Ces entomologistes menaient leur étude sur les insectes urbains quand l’ouragan Sandy a frappé New York fin 2012.
Au printemps 2013, ils ont donc élargi leurs travaux pour voir si les inondations provoquées par Sandy avaient affecté le comportement des populations d’insectes dans Manhattan.
Pour mesurer les quantités de restes de nourriture consommée par ces différents arthropodes de ville dont surtout les fourmis, les millepattes, les mites et les araignées, les chercheurs ont placé les aliments les plus fréquemment trouvés dans les poubelles et sur les trottoirs, chips, biscuits, pain, hot-dog, dans plusieurs rues et parcs de la ville, dont Central Park.
Ils ont mis de la nourriture dans des cages de façon à ce que seuls les insectes puissent y accéder, et d’autres déchets alimentaires à l’air libre où différents animaux pouvaient les manger.
Vingt-quatre heures après, les scientifiques ont récupéré les restes pour mesurer les quantités qui avaient été consommées.
Ils ont constaté que Sandy n’avait pas eu d’impact sur la consommation des populations d’arthropodes à New York, ce qui est surprenant puisque de nombreux sites de la recherche avaient été inondés avec l’ouragan.
Mais la plus grande surprise a été que les populations d’insectes des rues mangeaient de deux à trois fois plus de détritus alimentaires que celles qui se trouvaient dans les parcs.
«Ceci s’explique apparemment par le fait que l’une des espèces d’insectes les plus nombreuses dans les rues de New York sont les fourmis de trottoir, particulièrement efficaces pour dévorer des déchets alimentaires dans l’environnement urbain», explique Elsa Youngsteadt.
De plus, en comparant les quantités de nourriture consommées à l’intérieur des cages et à l’extérieur, les chercheurs ont vu que d’autres animaux, surtout les rats et les pigeons, mangeaient aussi les restes de «junk-food».
Pour ces entomologistes cela indique que les fourmis et les rats sont en concurrence pour dévorer les détritus alimentaires humains et que tout ce que mangent les fourmis échappe aux rats.
Ainsi, «les fourmis ne contribuent pas seulement à nettoyer nos villes, elles aident aussi à contenir les populations de rats et d’autres nuisibles», conclut Elsa Youngsteadt.