Transformer le toit des gratte-ciel en ferme : c’est le green trip des New-Yorkaises. Quatre de ces agricultrices de haut vol plantent le décor pour Grazia.
A la tête du mouvement pour l’agriculture urbaine, New York s’est transformée ces dernières années en laboratoire pour les fermiers du ciel, un métier qui se décline souvent au féminin. Elles sont nombreuses à se lancer dans cette activité qui n’épargne ni leurs ongles ni leurs articulations. Avec, en contrepartie, la promesse d’une vie au grand air plutôt que dans un bureau, et la certitude d’avoir des ingrédients sains tous les jours dans l’assiette plutôt que le surgelé de la cantine.
Citadines ou champêtres, elles refusent de choisir entre un mode de vie rural ou urbain. La fermière 2.0 veut pouvoir retourner la terre le matin, donner des cours de teinture bio l’après-midi et développer sa stratégie marketing ou rédiger son blog le soir. « Je me suis intéressée à l’agriculture urbaine car j’adore les villes et leur culture. J’ai besoin de sortir et de voir du monde, ce qui est plus difficile à la campagne » explique Kristen Schafenacker, qui sait de quoi elle parle.
Vertige garanti
Après des études en art et architecture, elle a tout recommencé à zéro. « J’ai appris sur le tas » commente cette fermière de l’air, qui a débuté comme apprentie dans une exploitation traditionnelle du Massachusetts. Aujourd’hui, telle une funambule, elle plante ses carottes et ses radis quasiment sous les fenêtres de Leonardo DiCaprio, à Tribeca, avec vue sur le new World Trade Center et la statue de la Liberté. Vertige garanti !
Il faut être un brin altruiste, visionnaire et casse-cou pour se lancer dans le métier. C’est le cas d’Annie Novak, qui a ouvert les portes de sa ferme urbaine d’Eagle Street, à Brooklyn, en 2009, après un cursus universitaire. A l’époque, elle faisait figure de pionnière. Depuis, deux autres mégaprojets ont poussé dans les environs.
Installés au-dessus du supermarché bio Whole Foods à Red Hook, les serres de 2 000 mètres carrés de Gotham Greens fournissent directement les légumes frais et sans pesticides aux clients du magasin. Quant aux toitures cultivées de Brooklyn Grange, entre le pavé et les cheminées des anciennes usines, elles reverdissent sur un hectare une zone industrielle en périphérie de New York. La production est vendue en gros ou au détail sur les marchés.
Une récolte locale
L’important est que les aliments conservent toute la fraîcheur d’une récolte locale. « Ce qui rend nos produits vraiment uniques, c’est qu’une heure après avoir été récoltés, ils peuvent être dans votre cuisine » se félicite Annie Novak. Le point commun à toutes ces nouvelles « agtivistes » et « urbivores » ? Un rejet de la malbouffe, des OGM, des pesticides, des additifs et des aliments qui font le tour de la planète avant d’atterrir dans un Caddie. L’agriculture urbaine est-elle une solution durable ? Pas encore et pas partout.
Étant donné la densité de population de certaines mégalopoles, il est utopique de penser que les toits et les lots vacants suffiront à nourrir des citadins toujours plus nombreux. Mais se mettre au vert là où il n’y a que du gris, planter quelques graines de savoir-faire chez les petits et les plus grands, créer du lien social entre le producteur et le consommateur et construire des villes plus vivables, « ce n’est pas seulement un luxe, c’est une nécessité absolue » insiste Shanti Nagel, fermière du ciel à New York. Une idée à creuser chez nous.