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Je vais aller leur proposer Manhattan Ghost et les ouvrages de Black Coat Press
l’ambassade de France
Par Philippe Boulet-Gercourt
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Publié le 29-09-2014 à 16h53A+A-IElle vient d’ouvrir en plein cœur du quartier le plus chic de New York, l’Upper East Side, dans la magnifique demeure des services culturels français.
Librairie Albertine New York (c) Albertine Books
Pousser la porte d’une librairie et tomber sur une statue de Michel-Ange, ça jette. Vous montez un étage, une constellation commandée par Laurent de Médicis orne le plafond ! Le Michel-Ange est authentique, la constellation, une lointaine réplique de l’original. Mon tout ? Une librairie étonnante, en plein cœur du quartier le plus chic de New York, l’Upper East Side. Encore plus inattendu : elle se trouve dans la magnifique demeure qu’occupent les services culturels de l’ambassade de France, au 972, Fifth Avenue, au bord de Central Park et à quelques dizaines de mètres du Metropolitan Museum of Art.
L’idée a germé dans l’esprit du conseiller culturel. Son nom, Antonin Baudry, ne vous dira sans doute rien. Son pseudo, en revanche, est bien connu des fans de BD : c’est lui qui a écrit les dialogues de « Quai d’Orsay », sous le nom d’Abel Lansac. « J’étais frustré à l’idée que la Libraire française [au pied du Rockefeller Center] ait dû fermer ses portes en 2009, ne pouvant plus payer son loyer, raconte-t-il. Un beau jour, je suis tombé sur des archives et découvert qu’il y avait une grande bibliothèque au premier étage. Cela a fait tilt : pourquoi ne pas installer une librairie dans nos locaux ? ».
Un projet fou
Un projet un peu fou : il a d’abord fallu imaginer une entrée séparée pour la librairie, qui permette aux diplomates de continuer à occuper les lieux : une fois que l’on pénètre dans la splendide rotonde, on prend le grand escalier de gauche (pour les diplomates) ou bien l’on entre dans la librairie (pour les clients), en allant tout droit. Une fois à l’intérieur, un escalier séparé conduit au premier étage. Deuxième difficulté, trouver des sponsors pour financer les 5 millions de dollars de travaux. Après que la fondation Gould a amorcé la pompe, les grandes entreprises françaises ont vite compris l’intérêt d’associer leur nom au projet : LVMH, Van Cleef & Arpels, Lalique, Pommery, Société Générale, Total… Sans oublier quelques institutions et généreux donateurs privés. Troisième obstacle : Michael Bloomberg, le précédent maire, et Bill de Blasio, l’actuel, ont soutenu à fond l’aventure… mais celle-ci a failli se fracasser sur des problèmes d’autorisations administratives. La demeure, qui date du Gilded Age, se trouve dans l’un des quartiers historiques les mieux protégés de la ville.
Construire un business viable
Dernier défi : construire un business viable ! La tâche en incombe à François-Xavier Schmit, un excellent libraire de Toulouse recruté pour l’occasion. On sent une tension amicale entre Schmit et Baudry, un dingue de livres : Baudry rêve d’ouvrages intellectuellement haut de gamme et d’un festival de rencontres, débats, signatures… Schmit est en phase, mais il sait aussi que ses 14.000 références (livres en français pour une grosse moitié, traduction anglaise de livres francophones pour le reste) devront se vendre. Un invendu français à New York, c’est un livre qu’il faut renvoyer en France – hors de prix.